Bien avant de me marier, la question du changement de nom a été un sujet délicat.
Les textes féministes m'encourageaient à ne pas le faire, au nom de ma liberté individuelle, pour ne pas m'engager dans une voie de soumission.
Beaucoup d'avis contemporains m'encourageaient à associer nos deux noms.
La tradition m'encourageait à prendre le nom de mon époux, au cas où nous aurions une descendance "c'est plus pratique quand tout le monde a le même nom".
Après mûre réflexion (qui a tout de même pris plusieurs mois), j'ai décidé, pour des tas de raisons que j'estime bonnes, de prendre le nom de mon mari. On a hésité à un moment à associer nos deux noms, mais mon mari ayant un nom composé et beaucoup de lettres en commun avec mon nom, ça aurait été long et peu harmonieux.
Me voilà donc partie pour une joyeuse valse administrative pour changer une partie de mon identité. Petit résumé des différentes actions :
- La Sécu : le plus facile : un coup de fil, une mise à jour de la carte vitale et voilà, je suis officiellement enregistrée sous mon nouveau nom. Vous pouvez aussi télécharger un formulaire (ici) et l'envoyer à votre centre de sécurité sociale.
- Le passeport et la carte d'identité : pas trop compliqué et relativement rapide. Sauf que le joli livret de famille délivré par l'Etat ça ne sert à rien quand tu fais des démarches auprès de... l'Etat. L'Etat n'accorde que peu de crédit au livret de famille, qui serait peu mis à jour par les foyers français, donc rapidement obsolète. Il m'a donc fallu demander un certificat à la mairie où l'on s'est mariés. Il a aussi fallu je crois que mon mari remplisse des attestations mais je ne sais plus trop quoi.
- Les impôts et tout autre service public : un site très pratique vous permet de faire connaître votre nouveau nom d'usage auprès de différents services publics et propose même des courriers types à adresser à votre banque ou autre. Une fois enregistrés sur le site, vous remplissez divers documents, vous envoyez le scan de votre livret de famille et vous ne vous occupez plus de rien. Ma feuille d'impôt est arrivée avec la bonne mention.
- La banque : je n'ai rien fait pour le moment. Un simple courrier, comme vu ci-dessus, ne suffit pas. Dans ma banque, il faut que je prenne rendez-vous avec ma conseillère (donc a priori un samedi), que je vienne avec mon livret de famille (ah au moins, il servira !) et que j'écoute la conseillère me présenter les 43 produits qui me préserveront de la ruine et du malheur, ce qui m'attend sûrement maintenant que je suis mariée. Donc j'ai fait ma paresseuse sur ce coup-là, et ma banque écrit encore à la demoiselle que j'étais.
- L'assurance : idem. L'agence étant ouverte de 10h à 17h du lundi au vendredi, je n'ai pas posé un pied chez mon assureur depuis le mariage. Peut-être que la démarche en elle-même est très simple, mais je n'ai pas eu le loisir de vérifier.
- Les cartes de fidélité et autres catalogues de vente par correspondance : heureusement, là, on peut bien être qui on veut, un petit coup de souris sur le net et voilà, je suis une autre femme. Les cartes de fidélité dans les magasins, c'est plutôt simple, mais quand ça se fait directement en caisse j'ai toujours des scrupules à faire patienter les 12 clientes en mode fièvre du shopping derrière moi. Si bien que je n'ai pas encore changé d'identité partout, et que généralement quand on me demande sous quel nom je suis enregistrée, on passe bien 2 minutes à retrouver sous quel nom je suis connue :/
- Au travail, je suis toujours connue sous mon nom de jeune fille. Bien sûr, dans la petite structure où je travaille, tout le monde sait que je suis mariée. Mais mes contacts à l'extérieur ne le savent pas dans leur grande majorité car j'estime que cela ne les regarde absolument pas.
- Dans la vie de tous les jours, je n'ai pas mis longtemps à m'approprier le nom de mon époux. Au début, j'avais l'impression que l'on appelait ma belle-mère, mais petit à petit je m'y suis faite. Je prends même un malin plaisir à donner mon nom, et souvent je rigole intérieurement parce qu'il faut savoir que c'est un nom trèèèès asiatique, et que j'attends toujours la réaction de mes interlocuteurs devant mes grands yeux bleus et ma peau toute blanche.
- A l'étranger : le nom de mon mari est plus pratique à dire (enfin, à lire en fait) dans beaucoup de pays. Et quand on voyage tous les deux, c'est plus pratique pour réserver l'avion et les hôtels avec un seul nom.
- Enfin, si autrefois je me battais pour qu'on orthographie correctement le nom de mes ancêtres, il en est de même aujourd'hui avec mon nouveau patronyme. Donc là dessus, je n'ai rien gagné, malheureusement.
photo : Emilie Iggiotti
Changer de nom n'est pas toujours une sinécure et j'engage chacune (et chacun, puisque nos hommes aussi peuvent à présent prendre le nom de leur épouse, et oui, les temps changent, et tant mieux) à réfléchir profondément avant de prendre une décision.
Je n'ai pas de conseil particulier à délivrer, car ce changement de cap est personnel et la décision doit se prendre au sein du couple, voire individuellement.
Pour ma part, je n'ai pas l'impression d'avoir renié mes ancêtres, mon père ne s'est pas offusqué de ce changement de nom (il a même été parmi les premiers à m'appeler par mon nom marital de façon systématique), je ne me sens pas plus soumise à mon mari et je ne crois pas avoir changé d'identité (au sens figuré du terme).
A chacun de se faire sa propre idée, en fonction de son vécu, de son histoire familiale, de son amour du nom, de la façon dont on imagine ses enfants, etc.
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